« Républicain Lorrain » du 16/08/2019
Dans le cadre du centenaire de Citroën, nous vous présentons cet été des propriétaires amoureux de la marque aux chevrons. On poursuit la série avec Claude Speltz, de Villers-la-Montagne. Un homme affichant le visage du bonheur au volant de sa 5HP Trèfle de 1925.
Claude Speltz est un homme heureux et surtout chanceux. Non content d’être marié à Chantal, qui le comble de bonheur, ce sexagénaire possède une poignée de voitures de collection. Une incroyable Ford T de 1924, une imposante Renault NN de 1927 et, bien sûr, deux modèles anciens de ce constructeur référence qu’est Citroën : une magnifique Rosalie 10 NH de 1933 et une superbe 5HP Trèfle, construite en 1925.
Un seul siège à l’arrière
Avec sa robe jaune citron, c’est cette dernière Citroën qui attire notre attention. « On l’appelle d’ailleurs « Le Citron ». Non pas en raison de sa couleur, mais à cause de son arrière en cul-de-poule », précise Claude. Un terme peut-être peu flatteur en apparence. Mais c’est pour mieux souligner l’arrière en pointe de l’auto, qui fait penser effectivement au fruit en question. Une taille fine s’expliquant par le fait que cette 5HP n’a que… trois places ! D’où son surnom de « Trèfle », avec ce troisième et dernière siège situé au milieu, à l’arrière.
Six mois qui font quatre ans…
Mais faute de détenir dans son portefeuille un trèfle à quatre feuilles tant apprécié des superstitieux, Claude n’a pas eu trop de chance avec sa « Trèfle ». Du moins au début : « Je l’ai achetée il y a huit ans, je l’ai eue il y a quatre ans », sourit-il aujourd’hui. À l’époque guère passionné par les voitures anciennes, le Meurthe-et-Mosellan fait la tournée des brocantes et des antiquaires avec Chantal. C’est chez l’un d’eux, dans les Vosges, que le retraité de l’informatique tombe sur la 5HP. Elle est plongée depuis trop longtemps dans un profond sommeil, entre deux meubles. « Elle était toute rouillée. Elle n’avait plus sa capote ni ses arceaux. » Et pourtant, pour une raison inexpliquée, le futur collectionneur a un coup de cœur. « L’antiquaire m’avait dit qu’il pouvait la restaurer en six mois. Il lui a fallu quatre ans… » Et pour la refaire, le vendeur « avait même acheté un autre modèle identique, une épave, rien que pour récupérer les arceaux ».
Volant en bois, unique portière et klaxon poire
Lorsque Claude a enfin pris possession de sa Torpédo, la poisse… ne l’a pas lâché : « La première fois que je l’ai sortie, j’ai fait 10 km et je suis tombé en panne. L’arbre de transmission s’était désolidarisé de la boîte. » Et même s’il ne la promène qu’en de très rares occasions, il a toujours cette pointe d’appréhension. « Je suis cool mais un peu stressé : j’ai toujours peur d’avoir un petit souci. » Mais la 5HP fait la joie des petits-enfants et petits-neveux. Les gamins sont notamment fascinés par le grand volant en bois, l’unique portière (on y rentre uniquement par le côté passager) et le klaxon poire. En le manipulant bien, il peut même jouer de la musique. La mélodie du bonheur…
« La particularité, c’est que l’accélérateur est au milieu et que les pédales sont très proches les unes des autres. Quand je la conduis, je mets mes chaussures les plus étroites. » (De Claude Speltz, l’heureux propriétaire de cette 5HP.)
QUESTIONS À
« Dans cent ans, ma 5HP sera encore là… »
Claude Speltz, propriétaire de la 5HP et membre du club des Rétro-Tiseurs, dont il gère le site web.
Claude a un couvre-chef assorti à chaque modèle !
Comment êtes-vous devenu accro à Citroën ?
Claude SPELTZ : « Au-delà de la marque aux chevrons, je dirais que j’aime les modèles anciens en général. Ça m’est venu sur le tard en plus : je m’y suis mis il y a huit ans. Ce qui me plaît, c’est la rusticité, l’histoire de ces véhicules. Des voitures qui sont plus vieilles que moi ( il rit ) ! »
Ça coûte cher de collectionner ?
« C’est sûr, il y a toujours un coût. Mais ces autos sont toujours moins chères qu’une voiture neuve et comme il s’agit de modèles de collection antérieurs à 1972, le contrôle technique n’est pas obligatoire. Ce sont des voitures qui ne représentent pas de grosses dépenses en termes d’entretien. Et comme je ne sors que deux ou trois par an avec chaque voiture… Ce qui est sûr, c’est que ça me coûte moins cher que de partir au ski. »
N’avez-vous pas des difficultés à vous fournir en pièces ?
« Grâce à Internet, on trouve toujours ce qu’il faut. Le Web fourmille de contacts, y compris à l’étranger. Et les pièces ne coûtent pas cher, même s’il faut s’acquitter de la taxe pour les produits importés. »
Citroën fête cette année son centenaire. Que représente pour vous la marque aux chevrons ?
« Citroën, c’est l’innovation. D’ailleurs, c’est pour cette raison que le constructeur a toujours été associé aux chevrons : André Citroën a été le premier à développer le système d’engrenage en forme de chevrons. Dans la conduite d’une automobile, ce système avait pour avantage d’éviter les à-coups. Il y a eu d’autres innovations de ce genre à l’époque. Et je suis persuadé d’une chose : ma 5HP sera encore là dans cent ans, alors que les Citroën d’aujourd’hui seront toutes au rebut ! »
D’autres modèles vont-ils bientôt agrandir la collection ?
« Pour l’instant, rien n’est prévu. Je ne recherche pas spécialement. Je n’achète qu’en cas de coup de cœur ! Et puis il y a le problème de la place aussi : ça occupe plus d’espace qu’une collection de timbres… »
Villers-la-Montagne Les 100 ans de Citroën – Photos.
Claude Speltz n’est pas pressé avec sa Citroën jaune citron
Tout roule pour Citroën ! La marque fondée par André-Citroën célèbre ses 100 ans cette année. L’occasion pour la rédaction locale du Républicain Lorrain d’aller à la rencontre d’heureux propriétaires de modèles d’époque. A l’instar de Claude Speltz, à Villers-la-Montagne, qui possède une authentique 5HP Trèfle de 1925. Vitesse de croisière : 50 km/h. En voiture, Simone !
A quoi se résume le bonheur pour Claude ? Une femme aimante (Chantal, à gauche), la famille, les amis, la santé et… les voitures de collection dont cette superbe Citroën 5HP.
Claude a le couvre-chef assorti à la voiture !
Lili-Rose et Esteban, les petits-neveux âgés de 8 et 9 ans, ne manquent pas une occasion de grimper dans l’auto.
Non non, promis. On va juste la conduire…
Sur le papier, Claude devait attendre six mois avant de prendre possession de sa 5HP. Au final, les travaux de restauration auront duré… quatre ans.
L’une des particularités de la 5HP : elle n’a qu’une seule porte, côté passager…
Claude a la 5HP chevillée au corps…
Une seule place à l’arrière. D’où l’autre surnom de cette Torpédo : « Trèfle ».
Le premier logo de Citroën, imaginé en 1919 (qui durera jusqu’en 1959). La marque de fabrique d’André Citroën. Le fondateur a révolutionné le monde automobile en introduisant les engrenages à chevrons. Un système qu’il a reproduit dans le milieu de la voiture après avoir créé une première entreprise spécialisée dans la production de ces engrenages.
Sous le capot, un authentique petit 4 cylindres délivrant une puissance de… 11 ch. « Je vais à 50 km/h maxi avec elle », s’amuse Claude. En même temps, quand on roule dans une auto d’époque, on n’est généralement pas trop pressé…
Sous le capot, un authentique petit 4 cylindres délivrant une puissance de… 11 ch. « Je vais à 50 km/h maxi avec elle », s’amuse Claude. En même temps, quand on roule dans une auto d’époque, on n’est généralement pas trop pressé…
C’est certifié : c’est bien une authentique Citroën !
Un autre atout de cette auto : la longueur de son capot…
Esteban aime user du klaxon poire !
Cette Torpédo affiche un poids de 545 kg.
On s’incline devant cette dame…
La Torpédo a un arrière en cul-de-poule ou plutôt en « pointe de course ». Normal avec un seul siège derrière, au milieu.
Claude possède d’autres modèles anciens. Comme cette Ford T de 1924, avec ses portes et ses jantes en bois.
Claude possède d’autres modèles anciens. Comme cette Ford T de 1924, avec ses portes et ses jantes en bois.
Parmi la poignée de voitures de collection de Claude, une autre Citroën : une Rosalie 10 NH de 1933.
L’homme de Villers-la-Montagne possède également une Renault NN de 1927. Ne lui tenons pas rigueur de cette infidélité à la marque aux chevrons…
Côté passion, la relève est assurée !
Une marque qui brille toujours, cent ans après…
Source : Républicain Lorrain du 16/08/2019 Photos RL Fred Lecocq